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Après plusieurs échanges sur la question du sport durable et une rencontre lors d’un événement autour du vélo, nous avons finalement pris le temps de discuter en profondeur des sujets qui nous tiennent à cœur avec Florian Chabbal de la chaîne La Pause Vélo.
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Salut Florian ! Peux-tu nous raconter rapidement ton parcours pro et ce qui t’a poussé à créer ta chaîne YouTube La Pause Vélo ?
Je vais essayer d’être bref, car c’est un long parcours avec des changements de direction multiples. Je suis ancien cycliste élite, j’ai fait partie de l’équipe de France dans la catégorie moins de 23 ans. J’ai décidé d’arrêter assez tôt (à 21 ans), pour reprendre les études à temps plein et aussi parce que j’ai compris que je ne serais jamais un grand champion. Je n’y trouvais tout simplement plus mon compte.
Après avoir pas mal vadrouillé dans ma vie professionnelle, je suis revenu à mes premiers amours : le vélo ! D’abord en tant que journaliste pour Eurosport côté digital, puis pour la télé. J’ai ensuite pu prendre les rênes de la création de la chaîne GCN en français, une chaîne française qui reprenait un modèle anglo-saxon existant. La chaîne a eu un gros succès, d’abord parce qu’elle a vu le jour pendant le COVID, et peut-être aussi parce qu’on faisait du boulot pas trop mauvais ! L’idée, c’était de vulgariser le milieu du vélo mais aussi de parler de l’actualité du vélo au sens large. De le rendre accessible au plus grand nombre.
Au bout de 3 ans, j’ai décidé de quitter l’aventure et de tracer ma propre voie. J’ai créé la chaîne La Pause Vélo il y a maintenant bientôt un an.
Quel est ton rapport à la question du développement durable ? Est-ce que c’est un sujet que tu abordes parfois sur ta chaîne de ton point de vue de cycliste ?
C’est un sujet que j’aborde oui, mais plutôt en filigrane. J’essaie de donner quelques conseils sans pour autant en faire un marqueur de la chaîne. Je travaille avec pas mal de reconditionneurs qui donnent une seconde vie à des vélos très haut de gamme comme à des modèles plus abordables. Le message que j’essaie de transmettre à mes abonnés, c’est que pour moi, un vélo a une durée de vie au moins équivalente à celle de son propriétaire. C’est pour ça qu’il faut en prendre soin.
La question du développement durable touche beaucoup d’aspects du sport. J’ai par exemple fait une vidéo sur comment créer son propre ravito, en collaboration avec mon amie Philippine, qui propose des recettes vegan pour les sportifs avec Born to Leaves.
À titre perso, ça m’embête un peu de devoir recourir à de l’emballage individuel pour ma pratique. On dit aux gens de manger le moins transformé possible, et on consomme des barres où on ne sait pas trop ce qu’il y a dedans. Le message que je transmets dans ma chaîne, c’est qu’il faut faire preuve de bon sens, notamment dans la logique d’achat.
Les JO de Paris 2024 n’ont jamais été aussi près. Réduction des déchets, énergies durables, un minimum de nouveaux sites construits… le comité d’organisation fait de la question de la durabilité un élément central de ces Jeux. Selon toi, quel rôle doivent jouer les événements sportifs en matière d’action et de sensibilisation ?
Avoir de la visibilité implique de faire preuve d’exemplarité. De mon expérience, le sport est souvent le reflet de la société, et non l’inverse. La société s’intéresse de plus en plus au développement durable. Malheureusement, les motivations des organisateurs ne sont pas toujours les bonnes et ne sont que le reflet de leur audience. Pour un mastodonte comme les JO, qui ont forcément un devoir d’exemplarité, j’ai quand même peu d’illusions quant au bien-fondé de la démarche. Il ne faut pas nier l’aspect politique de la chose, et la posture qu’adoptent de tels acteurs face à l’opinion majoritaire du moment. Heureusement pour nous, cette opinion majoritaire est relativement sensibilisée au développement durable. En France du moins.
Du côté des petits événements, je pense que ça dépend surtout de la philosophie de l’organisateur. Cela demande surtout du bon sens. Est-ce que par exemple dans la dotation fournie lors d’une inscription à un événement on a besoin de donner des tee-shirts fabriqués en Chine et qui vont être portés une fois avant de servir de serpillères ? Sur les ravitaillements, la question de l’usage unique est à creuser aussi. Il y a plein de choses à faire.
À moindre échelle, quel rôle pourraient jouer les collectivités et les clubs sportifs pour promouvoir le sport durable ?
La récupération de matériels et le fait de leur donner une seconde vie. Ne plus jeter systématiquement du matériel qui peut resservir. Plus on est en haut de la pyramide, plus on a tendance à changer les consommables, à être avant tout dans l’aspect performance. Typiquement chez les pro, les pneumatiques, la chaîne et la transmission ne font pas beaucoup de kilomètres. Cela serait pertinent, du côté des clubs et des collectivités, d’identifier une hiérarchie d’acteurs qui pourraient avoir un second usage de certains vêtements et matériels.
De la même manière, pourquoi ne pas encourager les clubs à investir dans des tenues de qualité qui pourraient durer dans le temps, tout en étant plus appréciées pour avoir du succès à la revente auprès des jeunes sportifs ?
Justement, comment imagines-tu le sport de demain ? On a beaucoup parlé de l’impact du réchauffement climatique sur les stations de ski, mais ne risque-t-on pas de voir le Tour de France reporté à l’automne d’ici quelques années à cause de la chaleur ?
Le report du Tour je n’y crois pas à court terme, pour la simple raison que les cyclistes sont quand même des animaux un peu particuliers ! Pour moi la Vuelta sera touchée bien avant le Tour. Cela fait quand même plusieurs années déjà que les mecs roulent par 45 degrés. Je pense qu’on sera de plus en plus touchés par des événements climatiques, comme en 2019 avec l’interruption d’une étape à cause d’éboulements. Ou avec des inondations qui perturbent les parcours, bien plus que les grosses chaleurs.
Des adaptations, il y en aura de plus en plus, ça c’est certain. Le sport et les formats de compétition vont évoluer, pas tant à cause des changements climatiques mais plutôt du fait de l’opinion populaire. On en parlait plus haut, le sport est le reflet de la société, et c’est une des raisons pour laquelle le vélo est devenu plus populaire ces dernières années. C’est lié à l’évolution des mentalités. Le sport de haut niveau devra être le plus vertueux possible dans le futur, car je vois mal l’opinion populaire changer de cap dans les années qui arrivent.
Quels sont les gestes que nous pouvons appliquer en tant que sportifs pour un sport plus durable selon toi ?
Encore une fois, le bon sens ! Quelques exemples personnels, je n’utilise plus de cartouches de CO2. Ce n’est pas recyclable et c’est un vrai non sens écologique. J’ai remplacé ça par une mini pompe électrique quand je suis en compétition. De manière générale, les meilleurs conseils sont sûrement les plus simples, comme le fait de réparer une chambre à air au lieu de la jeter lorsque l’on crève. Parce qu’au-delà de l’écologie, il y a aussi le portefeuille qui parle. Quand on voit le prix du matériel qui augmente, c’est un bon argument pour motiver les gens.
En termes de tendance, je vois une évolution globale notamment au niveau du textile où la production a pas mal été rapatriée en Europe. À titre personnel, c’est une chose à laquelle je fais attention. Là aussi, il ne faut pas se leurrer sur les motivations, mais je constate en revanche qu’il y a beaucoup de petites marques qui se sont lancées ces dernières années, notamment pendant le COVID, avec de vraies valeurs humaines derrière. J’ai travaillé avec deux marques françaises lors des deux dernières années, Matchy et Chef de File. Ce sont des marques de textile qui ont une véritable conscience de durabilité avec une volonté de produire en Europe, de privilégier le circuit court, etc.
Quels sont tes projets pour les prochains mois ?
J’ai envie que les gens puissent s’approprier La Pause Vélo comme un vrai média. Cette année, le but c’est de diversifier la chaîne, de faire du contenu vélo le plus large possible avec un petit peu de VTT, des vidéos sur le vélotaf, tester du matériel un peu plus abordable, varier les sujets comme j’ai commencé à le faire l’année dernière.
Niveau compétition, rien d’officiel mais je suis en train de monter une équipe de choc pour faire le Bol d’Or Vélo, une compétition de 24 heures au circuit du Castellet. L’équipe sera composée de sportifs de haut niveau, mais d’aucun cycliste ! Ça promet d’être intéressant. Le plan alternatif, c’est de faire mon premier triathlon. Est-ce qu’un cycliste certes entraîné, mais n’ayant jamais vraiment nagé ni couru est capable de terminer un semi-Ironman ? Réponse fin avril !
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Un grand merci à Florian de s’être prêté au jeu de l’interview ! On va continuer de suivre tes conseils et on te souhaite bonne chance pour tes projets du mois prochain !
Interview et rédaction par Aurélien Lécuyer